Des répercussions économiques prolongées de la pandémie aux tensions croissantes du commerce mondial, le système de santé canadien fait face à une incertitude généralisée. Pour en atténuer les effets, les régimes privés d’assurance médicaments du Canada se mobilisent pour protéger et accroître l’accès des Canadiens aux soins pharmaceutiques.
En fait, ils sont plus déterminés que jamais à améliorer cet accès et à favoriser l’utilisation appropriée des médicaments afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles en matière de santé.
Notre Rapport 2025 sur les tendances et références canadiennes en matière de consommation de médicament met en lumière le passé et l’avenir de l’utilisation des médicaments, des coûts et des thérapies émergentes. Voici cinq points à retenir qui offrent un aperçu des forces influençant la durabilité de l’assurance médicaments et l’avenir des soins de santé connectés au Canada.
1. Une conception plus intelligente du régime favorise l’équité en matière de médicaments
En 2024, les dépenses des régimes privés d’assurance médicaments ont continué d’augmenter de façon constante. En moyenne, chaque personne ayant fait une demande de règlement avait 1 038 $ CA en coûts admissibles de médicaments, une augmentation de 3,3 % par rapport à l’année précédente. (Il y a dix ans, le montant admissible annuel moyen n’était que de 668 $.)
Cette augmentation des dépenses des régimes privés d’assurance médicaments est le résultat de trois éléments :
- plus de demandes de règlement par personne;
- des coûts par ordonnance plus élevés;
- une utilisation croissante de médicaments plus coûteux, y compris des médicaments de spécialité.
Le système privé ne peut pas gérer seul cette croissance. Alors que les régimes publics d’assurance médicaments élargissent leur couverture aux thérapies de première intention à moindre coût, les régimes privés assument de plus en plus la responsabilité des traitements complexes et coûteux. Les deux systèmes doivent fonctionner en tandem pour que les Canadiens aient un accès équitable aux médicaments dont ils ont besoin, en tout temps.
2. Les médicaments génériques sont un moyen éprouvé d’améliorer l’accessibilité
Les versions génériques de médicaments d’origine ont représenté 68,8 % de toutes les demandes de règlement soumises aux régimes privés d’assurance médicaments en 2024, par rapport à 67,5 % en 2023.
Bien que cette statistique soit un pas dans la bonne direction, il y a encore des inefficacités qui persistent en ce qui concerne l’accès à des médicaments équivalents plus économiques pour les Canadiens. Voici des exemples :
- En 2024, 24 % des demandes de règlement concernaient des médicaments d’origine produits par un seul fabricant, ce qui signifie qu’aucune version générique n’était disponible.
- Seulement 7,3 % des demandes concernaient des médicaments d’origine à fournisseurs multiples pour lesquels des médicaments génériques étaient disponibles.
Si nous sommes sérieux en matière de soins de santé connectés et durables, la disponibilité des médicaments génériques devrait être la norme. Toutefois, pour y parvenir, il faut assurer une meilleure coordination entre les régimes publics et privés, fournir des directives plus claires sur le lieu de prestation de service et favoriser une communication plus efficace avec les patients.
3. La gestion du poids devient une catégorie de médicaments clé
L’année dernière, la gestion du poids est devenue la catégorie thérapeutique connaissant la croissance la plus rapide dans les régimes privés d’assurance médicaments au Canada, passant de la 29e à la 17e place en une seule année.
Qu’est-ce qui motive cette croissance? Le lancement d’un médicament longtemps attendu, le Wegovy (sémaglutide), capable de réduire le poids corporel de 10 à 15 %. De plus, il est de plus en plus reconnu que l’obésité n’est pas un problème de mode de vie. Il s’agit plutôt d’une maladie chronique et complexe nécessitant une prise en charge à long terme.
Cette forte augmentation signale une redéfinition des priorités en matière de soins et soulève d’importantes questions sur l’équité, l’accès et la préparation du système. La plupart des régimes privés d’assurance médicaments ne couvrent pas encore ces thérapies. Cependant, la catégorie de gestion du poids commence lentement à intégrer les régimes d’assurance médicaments par défaut. Pour réussir, nous devons harmoniser les prestataires de soins, les payeurs et les responsables des politiques de santé afin que les patients aient accès à un traitement fondé sur des données probantes sans retard, stigmatisation ou interruption.
4. Les Canadiens vieillissants modifient la courbe de la demande de médicaments
Les Canadiens âgés de 45 à 64 ans représentaient un peu plus du tiers des réclamants des régimes privés d’assurance médicaments en 2024. De plus, ce groupe d’âge est à l’origine de plus de la moitié des demandes de règlement et des dépenses totales en médicaments. En effet, cette génération atteint son apogée de la gestion des maladies chroniques et doit souvent jongler avec de multiples troubles qui nécessitent des soins pharmaceutiques continus et coordonnés.
Malheureusement, les systèmes de soins fragmentés ne parviennent pas à garder le rythme face à la complexité du vieillissement de la population. L’assurance médicaments ne fait qu’effleurer la surface; une telle population a besoin d’un modèle de soins intégré qui harmonise les régimes d’assurance médicaments publics et privés avec les trajectoires de soins cliniques. Il s’agit de la seule façon de soutenir le traitement proactif, préventif et personnalisé, non seulement pour cette tranche d’âge, mais aussi pour tous les Canadiens.
5. Les médicaments de spécialité épuisent les budgets et le système
Les médicaments de spécialité, qui ne sont utilisés que par 1,9 % des requérants, représentaient 32,8 % des coûts totaux des régimes privés d’assurance médicaments en 2024. Il s’agit souvent de thérapies qui changent la vie des personnes qui doivent composer avec des maladies complexes, chroniques ou rares.
Malheureusement, l’augmentation des dépenses en médicaments de spécialité se traduit par une pression croissante sur la durabilité et l’abordabilité des régimes. Pour gérer cela, il faut des contrôles d’utilisation plus intelligents comme les autorisations préalables, la transition vers les biosimilaires et les soins coordonnés. Ainsi, les patients pourront recevoir les bons traitements au bon moment.
À mesure que de nouveaux médicaments coûteux font leur apparition sur le marché, le besoin d’intégrer les soins cliniques et la conception des régimes d’avantages sociaux ne fera que s’intensifier. La question est de savoir si nos systèmes publics et privés peuvent évoluer assez rapidement et collaborer assez étroitement pour suivre le rythme.
Les prochaines étapes en 2026 et au-delà
Les tendances observées dans le rapport de cette année renforcent le besoin urgent d’une approche plus collaborative et connectée en matière de soins de santé au Canada. Alors que les coûts des médicaments augmentent et que les catégories thérapeutiques évoluent, nous avons besoin d’un système qui concilie l’innovation et la durabilité, et l’accès et la pertinence.
Pour lire le Rapport 2025 sur les tendances et références canadiennes en matière de consommation de médicament, cliquez ici.