Nous l’avons tous déjà fait : repousser un projet au travail, ne pas faire le prochain pas dans une relation, ou tarder à réserver un voyage. Parfois, on reporte ces actions pour de bonnes raisons, mais on peut aussi le faire pour des raisons plus problématiques. On craint peut-être que même en respectant l’échéance d’un projet, le travail ne soit pas assez bon. Alors, on le remet à répétition, puis on l’exécute en urgence et on le termine en retard. Une séquence qui vient confirmer notre crainte initiale : nous n’étions pas assez bons pour faire ce travail. Et le cycle reprend de plus belle. Souvent décrit comme étant de l’autosabotage, cet enchaînement peut avoir de graves répercussions sur la vie au quotidien.
Dans cet article, Lindsay Killam, titulaire d’une maîtrise en travail social, membre de l’ordre des travailleurs sociaux et directrice clinique des services du counseling de Mes Soins TELUS Santé aborde les sujets suivants :
- Qu’est-ce que l’autosabotage et quelles en sont les causes?
- Quelques exemples d’autosabotage au quotidien
- Quels sont les moyens de surmonter ce problème
- Quelques ressources et quand demander de l’aide
Qu’est-ce que l’autosabotage et quelles en sont les causes?
Un comportement d’autosabotage est une action (ou une inaction) intentionnelle qui mine l’évolution de la personne et l’empêche d’atteindre ses objectifs. Lindsay Killam explique que les raisons derrière un comportement d’autosabotage sont nombreuses et variées, comme la peur du succès, le choix aisé du statu quo, une mauvaise estime de soi ou un syndrome de l’imposteur. On est plus à l’aise avec ce qui nous est familier. Du coup, il peut être désagréable de sortir de sa zone de confort et bien plus simple de s’en tenir à ce que l’on maîtrise déjà.
« Cela est parfois lié à l’estime de soi. Dans ce contexte, on peut penser qu’on ne mérite pas d’être heureux, et saboter ce que la vie nous offre de bien parce que notre récit intérieur nous dit qu’on n’en vaut pas la peine » affirme Lindsay Killam.
Cette vision peut être particulièrement difficile à surmonter et provenir d’expériences passées, comme un traumatisme. On peut également se croire moins intelligent ou compétent que d’autres, ce qui n’aide en rien notre réussite. C’est ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Revoyez-vous, enfant, à l’école. Hésitiez-vous à lever la main pour répondre à une question de peur que quelqu’un d’autre ait une meilleure réponse que la vôtre? Cela peut se produire encore aujourd’hui, lors d’une réunion de travail, durant un jeu de société avec des amis ou même dans vos relations personnelles.
À quoi ressemble l’autosabotage dans un contexte professionnel ou relationnel?
L’autosabotage touche de nombreux aspects de notre vie (article en anglais), comme le travail, les études, les relations et la gestion financière. Killam souligne que les exemples d’autosabotage abondent dans les milieux professionnels. « Par exemple, un employé refusera une promotion croyant qu’il n’est pas le bon candidat, alors que d’autres estiment qu’il possède les aptitudes nécessaires au poste. Ou, on pourrait repousser un projet au point de le livrer en retard. Le fait de ne pas avoir respecté l’échéance nous confortera ensuite dans l’idée que nous n’avions pas les compétences requises.
Dans un contexte relationnel, l’autosabotage peut se traduire par une attitude contrôlante, un refus de communiquer, des attentes non réalistes ou même de l’infidélité, explique Killam.
« Souvent, les gens entreprennent de nouvelles relations avec des idées préconçues sur ce que leur nouveau partenaire “devrait être” ». Ces idées émanent parfois d’expériences passées, mais aussi de comportements qu’on aura constatés dans des films ou des lectures. Cela peut nous empêcher de percevoir les qualités (et dans certains cas les défauts) d’un partenaire, et perturber la progression normale de la relation » selon Lindsay Killam.
Quand ces attentes irréalistes sont présentes, elles peuvent empêcher le développement de la relation. Killam fait valoir que dans certaines situations, un partenaire pourrait même être infidèle pour se prouver qu’il n’est pas digne de la relation, ou parce qu’il anticipe la fin inévitable de ce qui était pourtant une bonne relation.
Comment pouvons-nous reconnaître ces comportements d’autosabotage dans notre propre vie?
Prendre conscience des déclencheurs de l’autosabotage nous aide grandement à freiner ces comportements. Lindsay Killam nous suggère d’être attentifs et de nous poser certaines questions quand nous prenons conscience d'un certain modèle de pensées :
- Votre discours intérieur négatif vous conduit-il à agir de manière destructive?
- Avez-vous tendance à perdre votre temps alors que vous avez des choses plus importantes ou constructives à faire?
- Êtes-vous envahi par la peur ou par une vision réductrice de vos capacités?
- Tentez de voir si vous vous accrochez au passé et si vous l’utilisez aujourd’hui pour mettre de côté des relations ou des occasions.
- Comment jugez-vous votre aptitude à communiquer?
- Avez-vous de la difficulté à établir des limites ou à exprimer vos besoins au travail ou dans vos relations?
- Essayez de comprendre si le perfectionnisme affecte vos relations au travail ou en amitié, ou s’il vous empêche de reconnaître vos succès.
Lorsqu’on prend conscience de nos mécanismes d’autosabotage, que peut-on faire pour se corriger?
De petits changements peuvent avoir une grande incidence! D’abord, il importe de comprendre qu’on ne changera pas du jour au lendemain, et que cela est parfaitement normal. Donnez-vous le temps d’évoluer avec grâce et compassion. « De petits gestes bienveillants envers soi-même aident à contrecarrer ce discours intérieur négatif et à abandonner des conceptions éprouvantes, comme le perfectionnisme. » - Killam. Commencez par cerner un seul aspect à travailler, par exemple, fixer des limites claires. C’est une première étape efficace pour prendre en main un problème d’autosabotage.
Il est important d’apprendre à bien communiquer au sein d’une relation, qu’elle soit romantique, amicale ou professionnelle. L’authenticité, l’honnêteté et la transparence envers l’autre contribueront toutes à la création de bonnes relations. On gagnera aussi à sortir de sa zone de confort, ne serait-ce qu’un orteil à la fois.
« Faire des choses non conformes à nos habitudes est un signe positif que nous commençons à accueillir la nouveauté ou à accepter les défis » affirme Lindsay Killam.
En général, le changement perturbe, car il est rarement simple. Y consentir est donc une étape courageuse et audacieuse.
Avez-vous des suggestions de livres pour explorer cette dimension de l’autosabotage?
Lindsay Killam aime beaucoup le travail de Brené Brown, notamment ses livres I Thought it was Just Me ou Daring Greatly (Oser avec audace, en français). Pour découvrir comment perfectionner l’art d’être présent à soi-même, elle recommande The Power of Now (Le pouvoir du moment présent, en français) d’Eckhart Tolle.
À quel moment devrait-on abandonner une démarche autonome pour choisir du counseling?
Pour Lindsay Killam, les livres et les vidéos sont efficaces pour expliquer certains comportements, mais comme ils ne tiennent pas compte de notre contexte personnel, ils ne peuvent pas nous guider de manière adaptée. Dans un contexte de counseling, le thérapeute travaille avec la personne elle-même pour comprendre son expérience de vie et lui offrir des recommandations personnalisées. « Je recommande toujours la thérapie à quiconque se sent prêt à changer. C’est un espace sûr pour aborder certains problèmes et bénéficier du savoir et de la formation de professionnels qu’aucun livre ne pourrait vous offrir », nous dit Killam.
Les thérapeutes en santé mentale accessibles à l’aide de l’application Mes Soins TELUS Santé peuvent aider les utilisateurs à comprendre les pensées et les comportements négatifs qui leur sont néfastes. Ils proposent un espace bienveillant où apprendre et mettre en pratique des outils qui soutiennent l’adoption de changements sains. Si vous croyez avoir des comportements d’autosabotage, prendre un rendez-vous avec un thérapeute est l’endroit tout indiqué pour commencer à rompre ce cycle.
L’utilisateur doit avoir au moins 16 ans pour prendre un rendez-vous. Les séances supplémentaires nécessitent un paiement de 120 $, taxes comprises. Le paiement des rendez-vous doit être fait au moyen d’une carte de crédit valide. Vous recevrez un reçu dans l’application aux fins de remboursement, s’il y a lieu.