S'aider soi-même et aider les autres à se sentir mieux maintenant

La pandémie de COVID-19 a jeté de l’huile sur un feu qui brûlait déjà dans de nombreux ménages et milieux de travail du pays : celui du stress chronique.

Bien que le stress (le résultat de la sécrétion importante d’hormones dans l’organisme) soit une réponse normale à une pression ou à des exigences circonstancielles, un stress chronique ou prolongé n’est ni normal ni sain1. Celui-ci augmente le risque de problèmes de santé mentale et physique comme l’anxiété et la dépression, la toxicomanie, les troubles du sommeil, la douleur, les troubles digestifs, un système immunitaire affaibli, des problèmes de fertilité, l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et l’AVC2.

Un proche cousin du stress prolongé est l’épuisement professionnel (burnout), c.-à-d., un état à la limite du surmenage intellectuel. L’Organisation mondiale de la santé le décrit comme un syndrome résultant d’un stress chronique qui n’a pas été correctement géré3.

Malheureusement, à cause du stress incessant déclenché par les événements de 2020 et de 2021, l’épuisement professionnel est devenu l’état normal de bien des personnes. Lors d’un récent sondage4 réalisé auprès de 1 500 employés dans 46 pays afin d’évaluer la situation relative à l’épuisement professionnel et au bien-être pendant la pandémie de COVID-19 :

  • 89 % des répondants ont affirmé que leur vie professionnelle se détériorait

  • 85 % des répondants ont indiqué une diminution de leur bien-être

  • 55 % des répondants ont affirmé être incapables de concilier leur travail et leur vie personnelle 

  • 2 % des répondants ont qualifié leur bien-être comme étant excellent

Il est aisé de comprendre pourquoi on se sent ainsi. Par contre, nous pouvons prendre des mesures pour nous aider, et pour aider les autres, à remonter la pente dès maintenant.

Auparavant, il était bien plus facile de tracer une ligne entre le travail et la vie personnelle puisqu’on devait physiquement prendre l’autobus ou la voiture pour se rendre au travail. Pour de nombreux Canadiens, le travail est aujourd’hui tellement efficace d’un point de vue technologique qu’on peut travailler en tout temps et en tout lieu : sur un banc de parc après une séance de course à pied, pendant l’entraînement de soccer des enfants, ou à la maison pendant que le reste de la famille regarde un film. Ce nouveau degré de connectivité a été des plus utiles en nous permettant de travailler à distance, mais représente également une menace pour l’équilibre physique et émotionnel.

En n’étant pas pleinement conscients de cette épée à double tranchant, nombreux sont ceux qui se dirigent vers l’épuisement professionnel. Alors que nous commençons à envisager un avenir post-pandémique, les travailleurs et les employeurs doivent reconnaître que les effets de notre stress chronique vont probablement perdurer bien après la pandémie.

Voici quelques stratégies que les familles peuvent mettre en place à la maison et que les employeurs peuvent instaurer en milieu de travail pour soutenir les Canadiens pendant que ces derniers se remettent de leur stress :

1) Pratiquez l’empathie et la compassion

Au travail comme à la maison, essayez d’avoir de la compassion envers les autres et envers vous-même. Ce processus n’est pas toujours intuitif et n’est parfois pas chose aisée. Lorsque vous sentez votre fréquence cardiaque augmenter, une tension dans votre visage ou votre mâchoire qui se serre, prenez le temps de remarquer la sensation et de vous demander pourquoi votre corps réagit ainsi. Faites preuve de la même compassion envers les autres – collègue, conjoint, enfant ou voisin – lorsqu’ils réagissent difficilement à une situation.

Il peut être utile de se dire : « _______ fait son possible pendant cette pandémie. » (Cela comprend la personne qui vient de vous couper en voiture.) Prendre le temps d’être pleinement conscient lors des situations quotidiennes peut contribuer à diminuer le stress mental et physique qui s’accumule pendant la journée.

2) Normalisez les discussions relatives à la santé mentale à la maison et au travail

On a tendance à apprendre davantage des mentors qui donnent l’exemple. En tant qu’employeur ou gestionnaire, visez la conciliation travail-vie personnelle, pratiquez la pleine conscience, faites preuve de compassion et d’empathie dans vos actions, et les autres auront tendance à reproduire les mêmes comportements. Si vous voyez un collègue ou un ami qui semble éprouver des difficultés, prenez le temps de vous assoir avec lui pour apprendre ce qui se passe dans sa vie et lui dire que vous êtes là. Cela peut déjà faire toute la différence. Si vous êtes à l’aise de le faire, vous pouvez également l’orienter vers un professionnel de la santé de confiance ou un fournisseur de soins virtuels.

3) Réduisez la charge de travail

Je rencontre de nombreux patients qui vivent des circonstances extraordinaires et, par conséquent, qui vivent un stress extraordinaire, tant sur le plan professionnel que personnel. Ils ont d’innombrables raisons de continuer à foncer tête baissée : il faut s’accrocher jusqu’à l’embauche d’un employé supplémentaire, ou jusqu’à la conclusion de telle affaire, ou jusqu’à ce que leur enfant termine le secondaire, ou jusqu’à ce qu’ils aient remboursé l’hypothèque, etc.

Toutefois, pendant qu’on attend que ces choses se réalisent, la vie (et souvent les possibilités) nous échappe. Soyez ouvert à en faire moins, et pas uniquement au travail, mais dans votre vie personnelle aussi. Envisagez de consulter un professionnel de la santé mentale, un coach de vie ou un encadreur professionnel pour vous aider à vous remettre sur la bonne voie. Le fait de demander de l’aide est souvent la première et la plus importante étape vers le rétablissement.

4) Accordez la priorité à vos relations familiales et amicales

Cette mesure peut être difficile, car toute la famille doit être d’un même esprit si l’on espère retrouver l’harmonie familiale. Je vous encourage à prendre un moment en famille chaque semaine pour décider ensemble des tâches et des activités à prioriser. Peut-on supprimer certaines tâches? Avez-vous laissé du temps dans votre horaire pour un dialogue constructif entre vous? Avez-vous du temps libre pour « ne rien faire »? 

Il importe aussi d’accorder du temps aux gens hors de votre foyer qui vous sont chers. Prévoyez du temps au courant de la semaine pour communiquer avec des collègues, des voisins ou des amis. Pourquoi ne pas leur livrer des gâteries ou un repas fait maison, ou simplement leur envoyer une carte de souhaits par la poste? Accorder de l’attention à quelqu’un que vous aimez peut contribuer à améliorer sa journée/semaine/mois/année, et peut également aider à diminuer votre stress en suscitant un sentiment de gratitude. N’oubliez pas d’agir avec générosité envers vous-même et envers les gens qui vous tiennent à cœur.

Apprenez-en plus sur nos services de santé mentale.


[1]CAMH. « Stress Overview ». Consulté en avril 2021.

[2] CAMH. « Stress Overview ». Consulté en avril 2021.

[3]  Organisation mondiale de la santé. 2019. Burn-out an "occupational phenomenon": International Classification of Diseases.

[4] Moss, J. 2021. “Beyond Burnt Out.” Harvard Business Review.