Biosimilaires 101 : ce que vous devez savoir.
Pour le moment, quatre provinces ont mis en œuvre ou sont en train de mettre en œuvre des politiques de substitution obligatoire pour stimuler l’utilisation des médicaments biosimilaires. La Colombie-Britannique et l’Alberta ont été les premières à le faire en 2019, suivies du Nouveau-Brunswick, puis du Québec, qui a mis en œuvre sa politique en mai dernier. On s’attend à ce que l’Ontario soit la prochaine province à le faire.
Pourquoi les régimes d’assurance-médicaments provinciaux prennent-ils ces mesures? Quelles sont les répercussions pour les régimes privés d’assurance-médicaments?
Nous vous proposons une série d’articles dans lesquels nous répondrons à ces questions. Nous souhaitons d’abord présenter une explication simple de la nature unique des produits biologiques, de l’incidence de la nature de ces produits sur l’adoption des biosimilaires. Nous présenterons également un aperçu des différences de coûts entre les produits biologiques princeps ou de référence et les biosimilaires.
Les faits sur les biosimilaires.
Nous recommandons de consulter Santé Canada en premier lieu pour obtenir des informations objectives. Extrait de la fiche d’information publiée en 2019 par Santé Canada :
« Un médicament biosimilaire est un médicament biologique qui est très semblable à un médicament biologique dont la vente a déjà été autorisée.
Santé Canada autorise la vente des médicaments biosimilaires selon les mêmes normes réglementaires rigoureuses de qualité, d’efficacité et d’innocuité que pour tous les autres médicaments biologiques. »
Un peu plus loin, on peut lire : « On ne s’attend à aucune différence clinique importante au chapitre de l’efficacité et de l’innocuité entre un médicament biosimilaire et le médicament biologique dont la vente est déjà autorisée. »
Autrement dit, les médicaments biosimilaires font leur entrée sur le marché après l’expiration du brevet d’un médicament biologique original, que Santé Canada appelle le médicament biologique de référence. L’autorisation de Santé Canada signifie qu’un produit biologique biosimilaire est aussi sûr et efficace que le produit biologique de référence.
Tout cela semble assez simple et ressemble beaucoup à ce qui se produit lorsque le brevet d’un médicament traditionnel de marque déposée prend fin et que des médicaments génériques font leur entrée sur le marché.
Et pourtant, ce n’est pas du tout la même chose.
Retenons les mots « très semblable ». Les biosimilaires sont très semblables, mais ne peuvent jamais être exactement les mêmes que le produit biologique de référence. C’est parce que les médicaments biologiques sont fabriqués à partir de cellules vivantes. Par conséquent, les produits biologiques de référence et biosimilaires sont « naturellement variables », comme le dit Santé Canada. En effet, les lots d’un produit biologique de référence diffèrent tous légèrement les uns des autres, tout comme les lots d’un produit biologique biosimilaire.
Pourtant, les fabricants sont capables d’exploiter ces cellules vivantes pour produire des médicaments uniformes sur les plans de l’innocuité et de l’efficacité – et qui, dans de nombreux cas, changent la vie des patients. On peut dire qu’il s’agit d’utiliser deux routes légèrement différentes pour arriver à la même destination.
En comparaison, les médicaments traditionnels sont fabriqués avec des produits chimiques, ce qui signifie que les ingrédients actifs des versions de marque et génériques peuvent (et doivent) être identiques.
Interchangeabilité par rapport à changement ou à substitution.
L’approbation par Santé Canada d’un médicament générique traditionnel comprend une déclaration d’équivalence avec le médicament de marque d’origine. Cela signifie que les provinces peuvent désigner ces médicaments comme étant immédiatement interchangeables. Autrement dit, un pharmacien peut décider de délivrer un générique moins coûteux plutôt que le médicament de marque prescrit, sans l’intervention du prescripteur qui a rédigé l’ordonnance.
Comme détaillé dans la fiche d’information de Santé Canada, l’interchangeabilité ne peut pas se produire avec un biosimilaire parce que l’autorisation de Santé Canada « n’est pas une déclaration d’équivalence ». L’organisme de réglementation précise plutôt que « pouvoir de déclarer deux produits interchangeables revient à chaque province et territoire en fonction de ses propres règles et règlements ».
Aucune province ni territoire n’a déclaré qu’un produit biologique de référence et ses biosimilaires sont interchangeables. Compte tenu des propriétés uniques de ces médicaments, il est probable que cela ne se produise de sitôt ou que cela ne se produise jamais. Par conséquent, le prescripteur du patient doit intervenir lorsqu’il s’agit de commencer à donner un produit biologique biosimilaire.
Pour les nouveaux patients, les médecins peuvent simplement prescrire un biosimilaire dès le départ. Les patients qui prennent déjà un produit biologique de référence doivent toutefois passer à un biosimilaire en toute connaissance de cause. Très peu de patients choisissent de manière proactive ou volontaire de le faire et, par conséquent, les régimes publics et privés ne bénéficient probablement pas de toutes les économies que pourraient permettre de réaliser les biosimilaires moins coûteux (peut-être même après avoir pris en compte les réductions de prix possibles pour les produits biologiques de référence).
C’est ce qui nous amène aux politiques de substitution (ou de changement) mentionnées au début de cet article. Santé Canada décrit le changement d’un produit à un autre comme un « passage de l’utilisation courante d’un produit spécifique à l’utilisation courante d’un autre produit spécifique. » Santé Canada déclare également : « Aucune différence d’efficacité et d’innocuité n’est prévue à la suite d’un changement d’utilisation courante entre un médicament biosimilaire et son médicament biologique de référence pour une indication autorisée. »
Innocuité de la substitution.
Les recherches menées en Europe, qui a des années d’avance sur l’Amérique du Nord en ce qui concerne l’utilisation des biosimilaires, confirment l’innocuité du passage d’un produit biologique de référence à un biosimilaire. Dans son guide d’information destiné aux professionnels de santé, dont la dernière mise à jour date de février 2019, l’Agence européenne des médicaments indique :
« Au cours des dix dernières années, le système de surveillance de l’UE pour les questions de sécurité n’a relevé aucune différence notable concernant la nature, la gravité ou la fréquence des effets indésirables entre les médicaments biosimilaires et les médicaments de référence. »
Un examen systémique mené en 2020 sur 178 études réalisées entre 2007 et 2018 a conclu [traduction] « qu’il n’existe pas de données robustes indiquant que le passage d’un produit biologique de référence à un biosimilaire est lié à des problèmes importants d’efficacité, d’innocuité ou d’immunogénicité ». Au Canada, un bon résumé des résultats de la recherche internationale se trouve sur le site L’Échange – Biosim, un site Web produit par le comité Arthritis Consumer Experts et JointHealth.
En s’appuyant sur ces déclarations et sur les preuves cliniques, les payeurs publics au Canada ont pris l’initiative et ont commencé à mettre en place des politiques de substitution qui obligent les patients qui prennent un produit biologique de référence à passer à un biosimilaire pour continuer à recevoir un financement public.
Nous nous pencherons sur ce qui se passe dans les provinces et sur les répercussions pour les payeurs privés dans un prochain article de cette série.
Différences de coûts.
En moyenne, le prix courant d’un produit biologique biosimilaire représente un peu plus de la moitié du prix de liste du produit princeps.
L’Alliance pancanadienne pharmaceutique (APP) négocie les prix au nom des régimes publics d’assurance-médicaments (provinciaux, territoriaux et fédéral). Elle le fait également de manière indirecte pour les régimes privés : comme l’indique le document de « Principes fondamentaux » de l’APP, l’introduction d’un biosimilaire au Canada « entraîner une réduction du prix transparent des médicaments, dont tous les Canadiens pourront profiter. »
Le tableau 1 résume le prix courant moyen d’un groupe choisi de biosimilaires, exprimé en pourcentage du prix courant moyen du produit biologique de référence. Ces produits biologiques sont inclus dans les programmes de substitution provinciaux. Les différences de coûts pourraient se traduire par des milliers de dollars d’économies par patient et par an. Par exemple, le coût annuel du traitement par Humira, le produit biologique de référence de l’adalimumab, varie entre 18 000 $ et 22 000 $, selon l’indication et le patient. Ses biosimilaires, qui sont disponibles au Canada depuis cette année, coûtent entre 10 800 $ et 13 200 $ par an (60 % du coût du produit biologique de référence). À l’heure actuelle, Humira se classe au deuxième rang des dix premiers médicaments par coût admissible couverts par les régimes privés d’assurance-médicaments, après Remicade, selon les données de TELUS Santé sur les demandes de règlement.
Le prochain article de cette série porte sur l’adoption des biosimilaires au Canada par rapport à d’autres pays.
Tableau 1 – Prix moyen des biosimilaires pour six molécules.
Molécule |
Nom de marque du produit biologique de référence |
Nom(s) de marque du biosimilaire |
Indications approuvées des biosimilaires* |
Prix courant moyen du biosimilaire en % du prix du produit de référence** |
Adalimumab | Humira |
|
|
66 % |
Enoxaparine | Lovenox |
|
|
75 % |
Etanercept | Enbrel |
|
|
67 % |
Infliximab | Remicade |
|
|
54 % |
Insuline glargine | Lantus |
|
|
79 % |
Rituximab | Rituxan |
|
|
66 % |
*Un biosimilaire peut ne pas être approuvé pour toutes les indications du produit biologique de référence
*Prix courant moyen pour tous les biosimilaires
Source : TELUS Santé
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