Malgré certaines considérations en matière d’approvisionnement, les plans de vaccination se mettent en place au Canada, et les employeurs commencent à envisager de nouvelles façons de travailler. Pour les gestionnaires et administrateurs de régimes d’avantages sociaux, le moment est venu de commencer à intégrer quelques leçons retenues de la dernière année et d’anticiper ce qui arrivera lorsque les Canadiens reprendront leurs activités professionnelles, scolaires et sociales.
Par exemple, les consultations virtuelles auprès de médecins de famille, de spécialistes et de professionnels paramédicaux ont connu une augmentation considérable chez les employés au cours de la dernière année. Idem pour le recours aux programmes d’aide aux employés (PAE) pour la recherche d’une vie plus saine, la conciliation travail et vie familiale, et la gestion des troubles de santé mentale liés à l’isolement. De plus, les Canadiens ont été confrontés une grande partie de l’année à des confinements continus, à de l’insécurité financière et à de nouvelles pressions sur leur santé.
À cause de ces changements, votre régime d’avantages sociaux pourrait avoir besoin d’une mise à jour dès 2021. L’une des tendances à surveiller est la hausse des demandes de prestations d’invalidité à long terme et d’invalidité à court terme qui s’annonce.
Avant la pandémie, les principaux motifs de demandes de prestations d’invalidité étaient les problèmes de santé mentale et les troubles musculosquelettiques comme les entorses et les foulures. On sait que la COVID-19 a eu de lourdes conséquences sur la santé mentale : plus de la moitié des Canadiens (56 %) ont indiqué que la pandémie avait eu une incidence néfaste sur leur santé mentale. Environ les deux tiers des Canadiens ont nommé l’isolement social comme principal facteur minant leur santé mentale, et 60 % ont dit ne pas avoir accès à du soutien pour surmonter leurs difficultés.
Par ailleurs, il appert que bon nombre de Canadiens n’ont pas pu obtenir de l’aide pour des problèmes de santé mentale non liés à la COVID-19 ou ont choisi de ne pas chercher de l’aide en raison du manque de disponibilité de leurs professionnels de la santé ou par crainte d’entrer dans un établissement de santé. D’après une étude, seulement 11 % des Canadiens ont accès à des services virtuels de santé mentale, et selon une autre étude, les visites aux urgences, les évaluations de dépistage à domicile et les chirurgies non urgentes ont chuté en 2020.
Ces deux tendances montrent que les problèmes de santé mentale d’un très grand nombre de patients ne sont pas diagnostiqués, et que le traitement est inadéquat ou inexistant. Par conséquent, on verra probablement une augmentation marquée des demandes de prestations d’invalidité plus tard cette année.
Les demandes de prestations d’invalidité par suite d’accidents ont diminué, mais cette tendance sera de courte durée, car nous commençons à voir les effets du travail à domicile : lésions causées par une ergonomie déficiente dans des bureaux improvisés et baisse générale d’activité physique. De plus, les employés aux prises avec des problèmes de santé physique au début de l’année 2020 peuvent avoir été contraints de reporter ou de réduire leurs traitements en raison des fermetures de cliniques imposées aux chirurgiens, aux spécialistes, aux physiothérapeutes et à d’autres professionnels paramédicaux.
Les effets du travail à domicile et les demandes de traitements en attente donneront sûrement lieu à des formulaires de demande de prestations d’invalidité à remplir par les gestionnaires de cas. Bien sûr, nous pouvons nous attendre à une autre augmentation des cas de foulures, de fractures et de douleurs articulaires lorsque nous aurons repris nos habitudes d’avant la pandémie et que les employés retrouveront un mode de vie plus actif.
Par ailleurs, le report des traitements prend de plus en plus d’ampleur dans tout le système de santé, particulièrement en ce qui a trait aux chirurgies non urgentes. Selon certaines estimations, il faudra plus de 18 mois pour rattraper le retard accumulé dans certaines provinces comme l’Ontario et le Québec et, par conséquent, les employés qui attendent un remplacement d’articulation, un stimulateur cardiaque ou d’autres interventions pourraient voir leur état de santé se détériorer. Résultat : des convalescences prolongées, une augmentation des traitements pharmacologiques et autres, et un nombre accru de personnes nécessitant un congé d’invalidité.
Le retard accumulé ne se limite pas aux interventions chirurgicales; plus des deux tiers de la main-d’œuvre canadienne sont aux prises avec un problème de santé chronique comme le diabète, une maladie auto-immune ou une maladie cardiovasculaire. Pour ces travailleurs, un manque d’accès à des services de soutien spécialisé pendant un an peut se traduire par une incapacité de travailler et une convalescence prolongée.
Enfin, les personnes présentant des symptômes persistants de COVID-19 exercent également une pression sur nos régimes d’avantages sociaux. Bien que 90 % des Canadiens infectés par le virus s’en soient remis, nombreux sont ceux qui continuent de présenter de graves symptômes des mois après l’infection. On ignore combien de temps les problèmes respiratoires, les troubles cognitifs (confusion mentale) et la fatigue persisteront. D’après certaines études, environ le quart des adultes infectés présentent encore au moins un symptôme 90 jours après s’être débarrassé du virus.
Les taux d’infection étant à la hausse un peu partout au Canada, des dizaines de milliers de Canadiens pourraient devoir s’absenter du travail pour se remettre de l’infection ou prendre soin d’un proche dont les symptômes persistent, même après une vaccination à grande échelle.
Il n’y a pas grand-chose à faire pour freiner ces tendances, mais nous pouvons veiller à ce que nos régimes d’avantages sociaux soient prêts à soutenir nos employés et leur famille le moment venu. Selon Shawn O’Brien, directeur, Exploitation des données chez Telus Santé : « Pour évaluer nos régimes, il faut prendre des décisions fondées sur des données probantes. En analysant les demandes maintenant, en repérant les lacunes en matière de remboursement et en observant les premières tendances, les administrateurs et gestionnaires de régimes d’avantages sociaux peuvent veiller à la protection des employés et déterminer comment contribuer à aplatir la courbe anticipée de demandes de prestations pour invalidité. »
La première étape consiste à demander à votre compagnie d’assurance d’analyser les demandes. Grâce à la puissante technologie interactive d’intelligence affaires, votre compagnie d’assurance et vous pouvez évaluer la nécessité d’étendre ou de modifier la couverture de certains services pour vous préparer à de nouveaux types de demandes de prestations d’invalidité. Vous pourriez aussi découvrir comment offrir des avantages en amont qui pourraient aider certains employés à éviter de soumettre des demandes de prestations d’invalidité. Par exemple, une solution de soins virtuels sur demande, Soins Virtuels TELUS Santé, peut fournir aux employés et à leur famille des consultations avec des spécialistes pouvant répondre à leurs préoccupations en matière de problèmes chroniques et aigus de santé mentale et physique.
Si vous constatez certaines limites dans le régime, O’Brien recommande de vérifier les dépenses en soins de santé : « C’est un excellent moyen, avantageux sur le plan fiscal, de faciliter l’accès des employés aux services paramédicaux de spécialité susceptibles de les aider à éviter l’absentéisme. »
Enfin, vous pouvez analyser votre PAE. Avant la pandémie, la plupart des PAE étaient tout simplement sous-utilisés. Les employés en ont fait grand usage au cours de la dernière année, mais il s’avère toujours utile de s’assurer qu’ils comprennent ce que ces ressources peuvent leur offrir comme soutien préventif. Pendant que vous y êtes, assurez-vous que l’offre de services du PAE est assez généreuse pour répondre aux besoins changeants de votre main-d’œuvre.
(Certains liens dans cet article ne sont disponibles qu’en anglais.)
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