Telle la citation iconique du film « Méchantes Ados », « les mercredis on porte du rose». Ça ne devrait pas nous surprendre que le dernier mercredi du mois de février, une vague de couleur rose passe par nos écoles, nos lieux de travail et nos réseaux sociaux. Pourtant, cette démonstration de force n’a rien à voir avec la mode, et tout à voir avec la compassion.
Dans cet article, Lindsay Killam, travailleuse sociale autorisée et Responsable des services cliniques, Services de counseling de Mes Soins TELUS SantéMC , examine :
Un enfant sur cinq est touché par l’intimidation. « L’intimidation est une expérience universelle associée à la honte, la peur et l’inconfort qui est souvent accompagné par le silence, » explique Killam. Les personnes qui sont par nature vulnérables à l’intimidation sont souvent ciblées pour leur orientation sexuelle, leur genre, ou leurs origines ethniques ou raciales.
« En tant qu'adulte, nous pouvons tous nous souvenir de notre enfance, à des moments où l’on s’est sentis menacé ou inconfortable en raison du comportement d’une autre personne, et où l’on s’est sentis exclu ou négligé, » explique Killam. « L’intimidation est une expérience qu’on peut connaître à différents moments de la vie. »
En particulier pour les enfants et les adolescents qui sont encore en pleine croissance, l’intimidation peut avoir des effets profonds, et à long terme. L’intimidation nuit à la confiance en soi et la performance académique, et peut mener à la dépression, à l’automutilation ou au suicide.
Killam explique que des transformations subtiles dans le comportement d’un enfant, ou dans son attitude peuvent signaler un problème. L’enfant qui adorait l’école ne veut peut-être plus monter dans l’autobus scolaire ou celui qui excellait au soccer après l’école souhaite lâcher l’équipe. « Les parents sont bien placés pour remarquer un changement de comportement chez leur enfant ou pour constater que que leur enfant s’isole » dit-elle. Remarquer ces changements de comportement peut aider à entreprendre une conversation sur ce que l’enfant éprouve.
En premier lieu, elle suggère de reconnaître ce que l’enfant vit et se rappeler que ce qu’il subit lui fait probablement peur et lui fait sentir de la douleur. « Les adultes peuvent créer un espace sécuritaire pour entamer une conversation avec l’enfant, pour pouvoir lui demander comment il va, et ce qui se passe dans sa vie de tous les jours, » ajoute-elle.
Créer une balance délicate de soutien, de réconfort et d’actions peut sembler difficile pour les parents et les proches d’un enfant victime d’intimidation, mais il existe des ressources qui peuvent aider. Chercher l’aide d’un professionnel pour guider l’enfant ou le parent peut épauler dans le processus de guérison.
Se rendre compte que son enfant est l’auteur d’intimidation est une expérience douloureuse pour un parent, et peut paraître arriver de nulle part. Killam explique que le but en soutenant l’auteur d’intimidation n’est pas de faire en sorte qu'il ait honte, mais plutôt d’essayer de comprendre la source de ce comportement et de le rediriger.
« L’intimidation a une raison d’être pour cet individu, » explique-t-elle. « C’est peut-être difficile à comprendre à première vue, mais en essayant de se rapprocher de l’enfant et en amorçant un processus de découverte, c’est possible de faire preuve d’empathie pour l’aider à trouver un chemin de réhabilitation. »
Les parents ou les aidants peuvent être obligés d’aller contre certaines valeurs dans leur système familial pour essayer de changer le comportement d’intimidation. Tenir l’enfant responsable de ses actions, mettre en place des limites fermes, et le guider à comprendre son comportement et ses impacts est complexe. Plusieurs ateliers et des programmes scolaires sont disponibles, incluant les initiatives de la journée du chandail rose, qui peuvent permettre aux auteurs d’intimidation d’apprendre, d'évoluer, et ultimement, de changer leur comportement.
En tant que thérapeute, Killam utilise des questions qui provoquent la curiosité, aident à faire des liens et à explorer d’où vient l’intimidation. Les auteurs d’intimidation agissent souvent en lien avec leurs propres expériences négatives, et suite au fait qu’ils ont déjà été victimes eux-mêmes d’intimidation.
L’utilisation de questions pour stimuler la curiosité peut aider les adultes à comprendre ce que l’auteur d’intimidation éprouve :
• Comment te sentirais-tu si cela t’arrivait à toi ?
• Quel impact aurait ce comportement sur toi, si tu étais la personne intimidée?
• Quel est le but de ce comportement ?
• Quel est le dommage provoqué par ces gestes ou ces paroles ?
Les parents ne sont pas seuls dans la lutte contre l’intimidation. Les professeurs, les membres de la famille, les entraîneurs et les voisins font partie du système d’entraide qui peut aider l’enfant et le parent. Si un enfant ne peut pas avoir une conversation dans un espace sécuritaire avec leur parent, demander à un proche peut faire toute la différence pour lui donner un espace où s’exprimer.
« N’importe quel adulte pourrait prendre ce rôle auprès d’un enfant, » explique Killam, en rajoutant que le plus petit des gestes peut avoir un impact profond sur un enfant. Elle encourage les adultes à demander aux enfants qui les entourent « Comment vas-tu ? ».
Une question aussi simple peut créer un lien vital entre l'adulte et l’enfant qui est enfermé dans le silence. Prendre le temps d’écouter la réponse pourrait s’avérer un moment qui leur changera la vie.
Pour les adultes qui ne sont, ni les parents, ni les gardiens de l’enfant, Killam recommande de se souvenir que leur présence est toujours précieuse pour l’enfant ou l’adolescent. Tu pourrais être dans la position parfaite pour contribuer à la protection de l’enfant, à sa sécurité et à son soutien, en construisant un lien avec l’enfant et en l'aidant à trouver les ressources dont il pourrait avoir besoin. Créer une atmosphère d’ouverture et de confiance où l’enfant se sent vu et écouté est une expérience exceptionnelle.
L’intimidation n’est plus confinée aux murs de l’école ou aux terrains de jeu. Elle s’infiltre dans la vie de la victime à toutes les heures de la journée, à travers leurs écrans et dans leur vie en ligne. « Les réseaux sociaux ont tout changé. Il n’y a plus de notion de ce qui est réel et sécure, » reconnaît Killam.
De nombreux articles sur le suicide et les traumatismes soulignent l’urgence de s’attarder aux problèmes des médias sociaux et de la cyberintimidation qui visent les enfants et les adolescents. La permanence d’une photo, un commentaire ou une publication en ligne peut suivre les victimes perpétuellement, et bien en dehors des salles de l’école.
« Si on regarde ce qui a été historiquement une école primaire ou secondaire “habituelle” il y a 20 ou 30 ans, c’était possible de laisser l’auteur d’intimidation derrière soi en rentrant à la maison, ou en partant à l’université. Aujourd’hui, les enfants peuvent publier la photo d’une personne contre leur gré et ça peut se diffuser instantanément à travers une ville ou un pays, » explique Killam.
Killam suggère quelques moyens pour aider les enfants à améliorer leurs compétences en matière de médias sociaux. « Il faut commencer tôt à avoir des conversations sur les médias sociaux et la cyberintimidation pour permettre à ton enfant de développer ses capacités à naviguer dans un environnement virtuel et cela, avant qu’il ait un téléphone, » dit-elle.
Une fois que les enfants sont assez grands pour avoir leur propre téléphone, ça pourrait s’avérer trop tard pour poser des limites et encadrer le comportement en ligne. « À la maison, il faut définir ce qui est privé, et ce qui ne l’est pas. Vos enfants ont peut-être la liberté de texter leurs amis. Mais, en tant que parent, vous devez savoir ce qui se passe dans leur vie sociale et garder un oeil sur leurs comptes en ligne, » dit Killam.
Il y a beaucoup de ressources sur l’intimidation disponibles pour les enfants et les parents. Les enfants peuvent appeler ou texter Jeunesse j’écoute n’importe quand, et explorer une variété de ressources sur le site web. Le site web Pink Shirt Day (disponible en anglais) offre des ressources aux enfants, aux parents et aux enseignants.
Parler avec des conseillers scolaires et les enseignants peut aussi aider à soutenir les enfants et leurs parents. Pour les individus ayant plus de 16 ans, Mes Soins TELUS SantéMC offre des rendez-vous avec un thérapeute en santé mentale à partir de votre téléphone.
Si vous, ou quelqu’un que vous connaissez est en crise, appelez le 9-1-1 ou les services d’urgences locales.
L’utilisateur de Mes Soins TELUS Santé doit avoir au moins 16 ans pour prendre un rendez-vous. Les séances supplémentaires nécessitent un paiement de 120 $, taxes comprises. Le paiement des rendez-vous doit être fait au moyen d’une carte de crédit valide. Vous recevrez un reçu dans l’application aux fins de remboursement, s’il y a lieu.