Les principaux facteurs de changements en ce qui concerne les dépenses des régimes privés d’assurance-médicaments en 2022 se résument en deux mots : biosimilaires et diabète.
« À l’échelle nationale, [la part des réclamations liées aux] produits biosimilaires est passée de 4 % en janvier 2019 à 32 % en décembre 2022. Il s’agit d’une augmentation considérable », a déclaré Daniel Drolet, expert de l’industrie et associé principal du cabinet-conseil spécialisé en prestations Normandin Beaudry, et présentateur de la Rétrospective 2022 des tendances et références canadiennes en matière de consommation de médicament lors de la conférence annuelle de TELUS Santé, qui a eu lieu le 26 avril.
Impact des biosimilaires
Les politiques provinciales de substitution par des produits biosimilaires sont le principal facteur d’adoption pour les régimes privés. En Colombie-Britannique et au Québec, où le changement est respectivement entré en vigueur en 2019 et 2022, la part des réclamations liées aux produits biosimilaires parmi tous les produits biologiques a atteint 65 % à la fin du mois de décembre 2022. En revanche, la part des réclamations liées aux produits biosimilaires n’était que de 15 % dans les provinces ne disposant pas d’une politique de substitution.
L’adoption de politiques de substitution par les régimes privés a été particulièrement rapide au Québec, principalement en 2022. Par conséquent, le montant moyen admissible par certificat de régime pour les médicaments spécialisés a diminué de 4,3 %.
En revanche, les régimes privés de l’Ontario ont enregistré une augmentation de 3,9 % du montant moyen admissible par certificat pour les médicaments spécialisés. La politique du gouvernement de l’Ontario en matière de substitution par des produits biosimilaires a été lancée le 31 mars de cette année pour une période de transition et prendra pleinement effet le 30 décembre. « Il sera certainement intéressant d’observer les répercussions [de cette politique] en 2023 », a déclaré M. Drolet.
Toutes régions confondues, le montant moyen des réclamations par certificat de régime pour des médicaments spécialisés a augmenté de 0,9 %, bien en deçà du taux de croissance de 3,4 % des médicaments traditionnels, en grande partie à cause de l’utilisation accrue des biosimilaires au Québec. En fait, pour la première fois depuis plus de dix ans, la part des médicaments spécialisés dans le montant total admissible a diminué. Bien qu’il n’ait diminué que d’un point seulement pour atteindre 33 %, il s’agit tout de même d’une baisse.
L’histoire du diabète
Si l’on combine les médicaments spécialisés et les médicaments traditionnels, le montant total admissible par certificat a augmenté de 2,6 % au Canada en 2022. Là encore, les économies liées aux produits biosimilaires ont contribué à ce taux de croissance modéré; d’un autre côté, ces économies ont été compensées par l’augmentation des dépenses en médicaments contre le diabète.
La catégorie du traitement du diabète est devenue la catégorie la plus importante en termes de montant admissible en 2022, avec une part de 12,9 %, contre 12,0 % en 2021. Cela met fin aux dix ans de règne des médicaments contre la polyarthrite rhumatoïde, dont la part est passée de 12,6 % à 11,2 %.
D’un autre côté, M. Drolet a expliqué que la catégorie du traitement du diabète représentait la moitié de l’inflation du montant admissible par certificat enregistrée pour 2022, soit 1,3 % des 2,6 %.
L’utilisation d’un médicament contre le diabète en particulier, l’Ozempic, a stimulé l’ascension de cette catégorie en 2022. En fait, lorsque le taux d’inflation global de 2,6 % est ventilé au niveau des produits, Ozempic a été le plus gros contributeur avec 1,6 %.
De même que l’ont largement rapporté les médias, M. Drolet a fait remarquer qu’une partie de la croissance de ce produit était due à l’utilisation non conforme du médicament pour la perte de poids. Cette situation pourrait commencer à changer cette année en raison du lancement prévu de Wegovy, une version d’Ozempic qui a été approuvée par Santé Canada pour la perte de poids. « Il sera intéressant de voir comment ces deux produits évolueront en 2023 », a-t-il dit.
Autres points saillants
Un autre produit mérite d’être signalé : le Trikafta, utilisé pour le traitement de la fibrose kystique, dont la part du montant admissible est montée en flèche après que son utilisation ait été élargie pour inclure les enfants de moins de 12 ans. Cette hausse a été marquée à tel point qu’elle a contribué à hauteur de 1,3 % à l’augmentation globale de 2,6 % du montant admissible par certificat. En l’espace d’un an, son classement dans la liste des produits est passé de la 95e à la 8e place.
Avec un peu de recul, on constate que le montant moyen admissible pour l’ensemble des réclamations a augmenté de 2,3 % en 2022. Une analyse complémentaire a permis de constater que ce pourcentage descendait à 1,7 % pour les demandes traitées dans le cadre de régimes ayant des listes de médicaments gérées. En dollars, le montant admissible moyen était de 89 $ par demande pour une liste de médicaments non gérés, contre 75 $ pour une liste de médicaments gérés. « Cela représente une différence de 17 % en faveur des régimes de soins gérés », a déclaré M. Drolet.
D’autres résultats intéressants sont à signaler :
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