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Évolution du marché des médicaments

Rédigé par TELUS Santé | 18 mai 2023

Diabète, asthme, dépression et trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) – ces catégories sont à l’origine d’une utilisation accrue de médicaments et constituent les dépenses principales des régimes privés d’assurance médicaments. Blandine Mosna, pharmacienne chez TELUS Santé, a résumé ce que les payeurs privés doivent savoir au sujet de ces catégories – et plus encore – lors de la conférence 2023 de TELUS Santé, qui s’est tenue le 3 mai dernier.

 

Diabète – Un seul médicament, Ozempic, a été l’un des médicaments les plus utilisés en 2022. Son montant admissible a augmenté de 87,8 % pour dépasser les 200 millions de dollars dans le volume d’affaires de TELUS Santé, ce qui représente plus d’un quart de l’ensemble de la catégorie du diabète (745,2 millions de dollars). Bien que les dépenses consacrées à d’autres produits pour le diabète, comme le glucomètre Freestyle Libre, aient également augmenté en 2022, il semble qu’Ozempic ait propulsé à lui seul la catégorie du diabète à la première place de la liste des dix premières catégories de médicaments.

Les inhibiteurs de BPL-1, appartenant à la catégorie des médicaments contre le diabète, se sont avérés efficaces pour gérer la glycémie. Cependant, ils peuvent également être utilisés hors étiquette pour la perte de poids, avec des marques distinctes attribuées aux produits spécifiquement indiqués pour la perte de poids. Cela soulève une question intéressante : dans quelle mesure la croissance de l’utilisation du BPL-1 peut-elle être attribuée uniquement à son utilisation non indiquée pour la perte de poids, en particulier par les participants sans diabète?

Bien que les données ne soient pas aussi détaillées, il est possible de déduire approximativement l’utilisation non indiquée sur l’étiquette en séparant les demandeurs qui utilisent le médicament en monothérapie, a déclaré Mme Mosna. En d’autres termes, si le demandeur ne prend pas d’autres médicaments contre le diabète, cela pourrait suggérer une utilisation non indiquée sur l’étiquette, car pour les personnes atteintes de diabète, les inhibiteurs de BPL-1 sont normalement une thérapie de deuxième ou de troisième intention prise avec d’autres médicaments contre le diabète.

Lorsque les demandes sont considérées de cette façon, environ un quart des demandeurs utilisent les BPL 1 comme monothérapie. « À partir de là, nous pouvons émettre l’hypothèse qu’il est possible que certains de ces demandeurs utilisent les marques BPL-1 indiquées pour le diabète », a constaté Mme Mosna.

La pharmacothérapie par étapes, un outil de conception de régimes, peut atténuer les demandes d’indemnisation découlant d’une utilisation non indiquée sur l’étiquette. « Cela permet de valider un traitement préalable du diabète avant d’étendre la couverture à la classe BPL-1 », a déclaré Mme Mosna.

Maladies inflammatoires – Pour la première fois depuis le lancement de Remicade, destiné au traitement de la polyarthrite rhumatoïde, il y a plus de 20 ans, le montant admissible de ce médicament a diminué de 14,7 % en 2022.

Il en va de même pour d’autres médicaments biologiques originaux pour lesquels des biosimilaires sont offerts, tels que Humira et Enbrel. À tel point que cette catégorie a perdu son rang de longue date de première classe de médicaments en matière de montant admissible, diminuant de 3,9 % en 2022 pour atteindre 647,7 millions de dollars dans le volume d’affaires de TELUS Santé.

Les programmes provinciaux qui exigent que les patients passent à un biosimilaire pour continuer à être couverts – depuis 2019 en Colombie-Britannique – sont en grande partie responsables de ce qui se passe du côté privé.

« Nous assistons au déploiement de programmes du côté des payeurs privés pour imiter ce que font les provinces. D’autres régimes ont mis en place une entente d’inscription des médicaments [avec le fabricant du produit biologique original] afin d’appuyer le choix de leurs membres tout en gérant les coûts et les économies générés par les biosimilaires », a indiqué Mme Mosna.

Asthme – La catégorie de l’asthme a retrouvé sa quatrième place après être tombée en cinquième position sur la liste des dix premières catégories de médicaments en 2021. Le montant admissible a augmenté de 16,7 % en 2022, atteignant 306,4 millions de dollars dans le volume d’affaires de TELUS Santé pour les régimes privés d’assurance médicaments.

La pandémie de COVID-19 a été le principal facteur à l’origine de ces résultats. « En 2021, avec les restrictions liées à la COVID-19, l’exposition aux maladies transmissibles par voie aérienne était moindre, les patients étaient moins susceptibles de développer des infections des voies respiratoires et, par conséquent, l’utilisation d’inhalateurs et de traitements était moindre, a expliqué Mme Mosna. En 2022, nous sommes revenus à un mode de vie plus proche de celui qui prévalait avant l’arrivée de la COVID-19 et nous avons observé le scénario inverse, avec une exposition plus importante et une augmentation des infections des voies respiratoires supérieures. »

Une autre source de croissance dans la catégorie de l’asthme est l’utilisation de produits biologiques pour traiter les formes graves d’asthme, pour lequel le montant annuel moyen admissible est de 20 000 $. « Leur utilisation a continué à croître même lorsque l’ensemble de la classe d’asthme a diminué en 2021 », a fait remarquer Mme Mosna.

Elle a ajouté qu’« il serait important de surveiller les produits biologiques dans les états pathologiques qui n’ont normalement pas d’options biologiques à coût élevé, car ils représentent des facteurs de coût découlant de nouvelles options de traitement pour les patients ».

Dépression – Le montant total admissible pour la dépression a augmenté de 8,4 % pour atteindre 303,1 millions de dollars, plaçant la catégorie à la cinquième place sur la liste des dix premières catégories de médicaments.

« La majeure partie de la croissance est due à l’augmentation de l’utilisation de médicaments de cette catégorie et au nombre de nouveaux demandeurs », a déclaré Mme Mosna.

Les membres du régime âgés de moins de 20 ans représentent la plupart des nouveaux patients, une tendance qui s’était amorcée avant la pandémie. « Le taux de croissance des demandeurs de 0 à 19 ans est toujours supérieur au taux de croissance moyen de la catégorie », a indiqué Mme Mosna.

En ce qui concerne les prestations de santé, elle a ajouté qu’il était important non seulement de veiller à ce que la pharmacothérapie soit accessible aux membres et à leur famille, mais aussi de fournir des conseils en matière de santé mentale pour soutenir le traitement de la dépression.

TDAH – La catégorie des médicaments pour traiter le TDAH a progressé de 22,1 % en 2022 pour atteindre un montant admissible de 294,6 millions de dollars. Cela la place à peu de distance de la dépression et de l’asthme. Deux médicaments – Concerta et Vyvanse – représentent la majeure partie du montant admissible.

Bien que le TDAH soit généralement une affection pédiatrique, ce n’est pas cette population de patients qui est à l’origine de l’augmentation de l’utilisation. « La tranche d’âge des 30-39 ans a connu la plus forte croissance en matière de demandeurs en 2022 », a déclaré Mme Mosna. L’analyse des demandes de prestations montre également que ce groupe d’âge a commencé à dépasser la croissance de la catégorie en 2020.

Répercussions de la COVID-19 – Les retards dans l’accès aux soins dus à la pandémie ont-ils aggravé les troubles médicaux? Cela entraînera-t-il une augmentation des coûts en raison de la nécessité de traitements qui auraient pu être évités?

L’analyse par TELUS Santé des nouveaux patients dans les catégories du cancer, de la dépression et des maladies cardiovasculaires vise à répondre à ces questions. Comme prévu, la croissance s’est stabilisée en 2020. « Nous avons constaté un rebond important en 2021, avec l’assouplissement des restrictions et le retour des patients à la recherche de soins », a indiqué Mme Mosna.

La bonne nouvelle en 2022 est que le nombre de nouveaux patients dans les trois catégories a sensiblement diminué, bien qu’il reste élevé par rapport aux années prépandémiques. Les résultats de 2023 détermineront probablement si les taux de croissance reviendront aux normes prépandémiques ou s’ils resteront élevés en raison des répercussions de la COVID-19.

Demandes de remboursement élevées – Le montant admissible le plus élevé pour un seul médicament couvert par un régime privé d’assurance médicaments en 2022 était de 1,8 million de dollars, soit plus du double du montant maximal de 700 000 dollars en 2021. Il s’agit de Luxturna pour le traitement d’une maladie oculaire rare, la première thérapie génique au Canada. Trois demandeurs ont bénéficié d’une couverture en 2022.

Strensiq, pour une maladie osseuse rare, arrivait ensuite, avec un coût admissible par demandeur de 1,5 million de dollars. Deux demandeurs ont bénéficié d’une couverture.

Le médicament à coût très élevé le plus vendu est Soliris, destiné à traiter des troubles sanguins rares. Soixante-cinq demandeurs ont bénéficié d’une couverture en 2022, pour un coût admissible moyen de 456 445 dollars chacun. Mme Mosna a ensuite indiqué qu’un biosimilaire de Soliris était actuellement examiné par Santé Canada, ce qui pourrait permettre aux payeurs de réaliser d’importantes économies.

Au total, le montant admissible pour les 10 produits les plus coûteux, pour 106 demandeurs, était de 56,5 millions de dollars en 2022, soit une augmentation de 7,5 % par rapport à 2021.

La stratégie nationale du gouvernement fédéral pour la couverture des médicaments destinés au traitement des maladies rares, actuellement en cours, pourrait être la principale source d’allègement des coûts pour les régimes privés. « Comme ces médicaments sont généralement destinés à traiter des maladies rares, ils pourraient être pris en considération lors de l’élaboration du programme sur les maladies rares qui pourrait être mis en place au niveau fédéral ou provincial », a déclaré Mme Mosna.

Génériques en remplacement de médicaments coûteux – Mme Mosna a souligné que Santé Canada avait commencé à examiner et à approuver les génériques pour les médicaments coûteux qui ne sont pas des produits biologiques. « Il s’agit de médicaments dont le coût annuel prévu est supérieur à 10 000 dollars. Dans ce domaine, les génériques peuvent entraîner une réduction des coûts allant jusqu’à 75 %. »

En effet, ces génériques peuvent être soumis au cadre de tarification de l’Alliance pancanadienne pharmaceutique, qui s’applique aux médicaments de marque couverts par un régime provincial. Le niveau d’économie dépend du nombre de substituts génériques et du mode d’administration. « Lorsque la province ne couvre pas ces produits, les économies, bien qu’importantes, sont moindres », a indiqué Mme Mosna.

Adoption des biosimilaires – Dans les provinces dotées d’une politique gouvernementale de substitution par des biosimilaires, le nombre de demandeurs de régimes privés d’assurance médicaments pour des biosimilaires est passé de 16,5 % pour tous les demandeurs de médicaments biologiques au premier trimestre de 2021 à 46,7 % au quatrième trimestre de 2022. Ce changement reflète l’adoption par les régimes privés de leur propre politique de substitution ou d’une entente d’inscription des médicaments pour le produit biologique d’origine.

En revanche, la part des demandeurs de biosimilaires dans les provinces qui n’ont pas changé de politique a augmenté à un rythme beaucoup plus lent, passant de 7,9 % à 15,1 % au cours de cette période de deux ans.

Dans sa présentation, Mme Mosna a également abordé la question des médicaments émergents au Canada, du programme national d’assurance médicaments, des réformes du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés et d’une stratégie nationale pour les médicaments destinés au traitement des maladies rares.

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