Le bien-être a des composantes mentales, physiques et financières dans le contexte d’un environnement social, a expliqué Roee Ben-Eli, directeur des programmes stratégiques de TELUS Santé, lors de la 20e conférence annuelle de TELUS Santé en avril 2024. Par conséquent, les employeurs qui souhaitent optimiser le bien-être de leurs employés doivent être conscients des menaces sur tous ces fronts.
Dans sa séance intitulée « Combler le fossé entre la santé mentale et la sécurité financière », M. Ben-Eli s’est concentrée sur un point faible par catégorie : l’anxiété (composantes mentales), la douleur chronique (composantes physiques), le fonds d’urgence (composantes financières) et l’isolement (environnement social). Puis, il a prodigué des conseils sur la façon dont les employeurs peuvent relever ces défis.
Le risque financier, a souligné M. Ben-Eli, apparaît systématiquement dans l’Indice de santé mentale de TELUS Santé comme l’un des facteurs les plus importants du bien-être mental global, et l’absence de fonds d’urgence a l’un des plus grands impacts. En fait, l’absence de fonds d’urgence se traduit par des notes de santé mentale inférieures de 25 points sur une échelle de 100 points.
« Sans ce filet de sécurité, une personne est très vulnérable, et même si elle n’y pense pas constamment, elle en subit les conséquences. »
« Nous avons examiné la question sous tous les angles : personnes jeunes, personnes âgées, personnes à revenu élevé et personnes à faible revenu, expérience professionnelle... Tous les angles possibles et imaginables. Résultat : il y a toujours cette différence entre ceux qui ont un fonds d’urgence et ceux qui n’en ont pas », a déclaré M. Ben-Eli. « Sans ce filet de sécurité, une personne est très vulnérable, et même si elle n’y pense pas constamment, elle en subit les conséquences. »
D’autres facteurs contribuent également à la vulnérabilité financière : trois travailleurs sur 10 puisent dans leur épargne pour maintenir leur niveau de vie, quatre sur 10 se sentent accablés par des dettes et quatre sur 10 s’inquiètent au sujet de leur avenir financier ou ne savent pas à quoi il ressemblera. Néanmoins, deux personnes sur trois ne demandent pas de conseils financiers pour leurs dettes lorsque cela est nécessaire et près de trois personnes sur cinq n’ont pas reçu de conseils financiers en matière d’investissement ou de planification de la retraite. Par ailleurs, la sécurité financière est tellement prioritaire qu'une personne sur trois interrogée dans le cadre de l’Indice le plus récent a déclaré qu’elle quitterait son employeur actuel pour bénéficier d’un revenu de pension garanti; on ne note aucune différence selon le sexe, mais le pourcentage chez les personnes âgées de 40 ans et moins est plus élevé (42 pour cent).
Les employeurs disposent souvent de programmes pour aider les employés à mieux gérer leur situation financière. Toutefois, « de nombreuses personnes ne connaissent pas encore l’étendue de ce qu’un programme d’aide aux employés (PAE) typique peut offrir, ni ne savent que la consultation financière fait partie de ces programmes... Nous avons l’occasion de communiquer beaucoup plus précisément [qu’il s’agit] de l’une des ressources que les gens peuvent utiliser en toute confidentialité pour obtenir du soutien et des informations, ou pour les aider à [trouver] une meilleure voie », a indiqué M. Ben-Eli.
Le bien-être financier étant étroitement lié à la santé mentale, M. Ben-Eli estime qu’aucune stratégie de santé mentale sur le lieu de travail ne peut se permettre de l’ignorer. En outre, une stratégie de bien-être financier devrait idéalement tenir compte de l’impact sur la santé mentale et le bien-être, puis intégrer ces résultats dans son analyse de rentabilité.
L’Organisation mondiale de la santé a reconnu que l’isolement social et la solitude chronique constituaient une menace pour la santé et qu’ils pouvaient accroître considérablement le risque de décès prématuré, toutes causes confondues. À ce chapitre, ces deux facteurs rivalisent avec le tabagisme, l’obésité et l’inactivité physique. Les relations de confiance sont essentielles pour lutter contre l’isolement, mais 45 pour cent des travailleurs canadiens n’ont pas de relations de confiance au travail. M. Ben-Eli a affirmé que la mise en place d’une organisation où règne la confiance permet d’améliorer la productivité, la motivation et la satisfaction des travailleurs, de réduire le stress et l’épuisement professionnel, et de diminuer le nombre de jours de congé de maladie.
« Nous savons que le fait de faire partie d’un tout, d’avoir un sentiment d’appartenance et de tisser des liens réduit de manière mesurable le stress des gens, alors que l’isolement l’augmente », a précisé M. Ben-Eli. « Il s’agit d’un élément essentiel pour renforcer la résilience. »
Alors que les travailleurs évoluent dans des environnements caractérisés par des changements rapides, imprévisibles et continus, l’anxiété s’aggrave. Trois travailleurs dans la vingtaine sur quatre disent qu’ils ne savent pas comment faire face au changement ou qu’ils ont du mal à s’y adapter. Les chiffres sont plus bas dans les autres groupes d’âge, mais sont tout de même de 61 pour cent chez les trentenaires, de 51 pour cent chez les quadragénaires, de 45 pour cent chez les quinquagénaires et de 32 pour cent chez les sexagénaires. Là encore, les employeurs ont la possibilité de mieux faire connaître les PAE et ce qu’ils offrent, d’autant plus que quatre travailleurs sur 10 ne savent pas ce qu’est un PAE ou n’en ont jamais entendu parler.
« Le soutien social... est l’un des éléments les plus naturels et les plus efficaces pour alléger cette tension découlant des changements rapides – avoir le sentiment de traverser une épreuve avec l’aide de son groupe », a déclaré M. Ben-Eli. « Nous savons également que la thérapie cognitivo-comportementale est utile parce qu’elle nous aide à acquérir les compétences nécessaires pour savoir gérer ces situations. »
La douleur chronique touche un nombre surprenant de travailleurs, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes : environ un sur cinq chez les 20, 30 et 40 ans, et plus de un sur quatre chez les 50 et 60 ans. La douleur permanente a des effets importants sur la santé mentale, en particulier chez les jeunes travailleurs. En outre, un problème de santé physique combiné à un problème de santé mentale augmente le temps de rétablissement, le risque d’événements indésirables et les coûts. M. Ben-Eli a suggéré que les employeurs devraient résister à la tentation de compartimenter les enjeux et réfléchir à la possibilité de soutenir la santé physique d’une personne souffrant d’un problème de santé mentale, et vice-versa.
« Le bien-être consiste à aider les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes », a conclu M. Ben-Eli. « Je vois clairement la possibilité d’une amélioration, mais... il n’y aura pas d’amélioration si nous n’agissons pas de façon intentionnelle. »