L’intelligence artificielle (IA) générative est une « étape transformatrice » qui changera notre monde à l’échelle des développements technologiques, comme l’exploitation de l’électricité, la création du semi-conducteur et la construction d’Internet, a déclaré Simon Bédard, PDG et co-fondateur de Clinia, à la 20e Conférence annuelle de TELUS Santé en avril 2024.
« C’est vraiment un moment décisif pour notre société », a déclaré Bédard à la table ronde « Visibilité totale sur la technologie de la santé » animée par André Picard, journaliste et chroniqueur en santé pour The Globe and Mail.
Toutefois, il a insisté qu’il fallait faire les choses correctement. « Dans le domaine de la santé, nous devons toujours bien faire les choses, car la vie des gens en dépend littéralement. J’irais donc jusqu’à dire que l’IA générative doit être de qualité santé et conçue pour répondre aux besoins et aux exigences en matière de santé. »
Bédard a déclaré que l’exactitude, la protection des renseignements personnels et la sécurité doivent être des priorités absolues au fur et à mesure que l’IA est développée et mise en œuvre, tout comme la conformité aux cadres réglementaires comme la Health Insurance Portability and Accountability Act (HIPAA) des États-Unis, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) et la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques (LPRPDE) du Canada.
« Nous croyons que les données peuvent être utilisées et mises à profit pour le bien afin d’améliorer la rapidité d’accès au bon traitement en fonction de votre état de santé et de vos antécédents en matière de santé, et, en fin de compte, d’optimiser l’efficacité, le coût et les résultats du système de santé. »
« Les conditions sont réunies pour que les payeurs privés prennent les rênes de la transformation des soins de santé », a déclaré Martin Bélanger, premier vice-président, Solutions pour les payeurs et les professionnels de la santé, TELUS Santé.
Il souligne certaines des façons dont la technologie a déjà transformé le marché du payeur dans des domaines comme l’adjudication des demandes, les paiements d’avantages sociaux, l’inscription et le service à la clientèle. La technologie a permis d’accroître l’efficacité, de réduire les erreurs et de rationaliser les opérations, tout en intégrant l’analyse des données pour cerner les tendances, les modèles, les idées et les fraudes.
L’IA, a-t-il poursuivi, appuiera l’évolution de la relation entre les membres et les payeurs, de transactionnelle à significative – du paiement des demandes à la facilitation de l’accès aux soins. Elle aidera également à intégrer les expériences fragmentées dans les régimes où plusieurs fournisseurs offrent des solutions de santé liées à la couverture de base des médicaments, des soins de santé et des soins dentaires.
« L’IA favorisera des parcours profondément personnalisés au sein des écosystèmes des régimes de santé », a déclaré Bélanger. « L’IA permettra d’avoir une vision globale et en temps réel de la santé d’un membre. Les données seront constamment ingérées aux fins d’apprentissage continu et d’analyse afin de formuler des recommandations judicieuses pour les services de santé [pour] garder les membres sur la voie d’une meilleure santé, avec des encouragements proactifs pour la gestion de la santé, et de déterminer les risques précoces pour l’intervention en santé. »
Comme les membres ne le voient pas, mais comme cela est essentiel pour les payeurs, les progrès technologiques sont également prêts à favoriser l’interopérabilité au sein du système de santé canadien, a déclaré Ratcho Batchvarov, directeur général, Dossiers médicaux électroniques, TELUS Santé. Notre système de santé, caractérisé par une gouvernance provinciale, présente des défis uniques en matière de normalisation de l'échange d'informations sur la santé. Cette situation a historiquement conduit à des silos d'information, entravant l'efficacité de la prestation des soins de santé et ayant un impact sur les soins aux patients. Reconnaissant que la technologie seule ne peut résoudre ce casse-tête, notre gouvernement fédéral change de perspective et comprend qu'une réforme législative et une approche unifiée sont essentielles. La feuille de route pancanadienne commune d’interopérabilité d’Inforoute Santé du Canada est un exemple d’initiative importante visant à combler les fossés entre des systèmes de santé disparates, à préparer le terrain pour mettre en place des normes nationales en matière d’échange de données et à garantir que les informations sur la santé circulent de manière transparente avec les patients.
Batchvarov a décrit deux possibilités précises actuellement à l’écoute pour améliorer l’interopérabilité entre les dossiers médicaux et les payeurs, soit le traitement simplifié des formulaires d’invalidité et l’autorisation préalable électronique. L’IA a un rôle à jouer dans les deux cas.
Par exemple, l’IA peut extraire automatiquement les renseignements sur les patients des dossiers médicaux électroniques, remplir des formulaires d’invalidité et les soumettre aux payeurs, valider l’information en fonction de règles prédéfinies et de données historiques pour en assurer l’exactitude et même analyser les présentations et les résultats antérieurs afin de prévoir la probabilité de l’approbation du formulaire.
Dans le cas de l’autorisation préalable électronique, en analysant en temps réel la prescription et la couverture d’assurance d’un membre, l’IA peut automatiser le lancement et le traitement des demandes directement à partir du dossier de santé électronique et fournir une aide à la décision en temps réel – par exemple, en suggérant des médicaments ou des traitements alternatifs qui ne nécessitent pas d’autorisation préalable ou qui ont plus de chances d’être approuvés par le régime.
« La voie à suivre est éclairée par des initiatives stratégiques, des avancées technologiques et, surtout, par les efforts de collaboration de tous les intervenants de l’écosystème des soins de santé, y compris les payeurs privés », a déclaré Batchvarov. « Le chemin vers l’interopérabilité est une entreprise commune qui promet de redéfinir les soins de santé au Canada, en les rendant plus intégrés, plus réactifs et surtout davantage axés sur le patient ».
Lorsqu’on lui a demandé quelles seraient les prochaines étapes pour les payeurs, Bélanger a cité les résultats du Sondage Benefits Canada sur les soins de santé 2023, qui montrent que les membres souhaitent recevoir des recommandations pour les services couverts par leur régime d’avantages sociaux.
« Ils veulent ces coups de pouce proactifs et les points de connexion », a-t-il dit. « La première étape consiste à vraiment examiner votre état actuel, à imaginer où vous voulez être dans votre état futur, puis à brosser le tableau de la façon d’y arriver », a-t-il dit. « Il n’est pas nécessaire que ce soit un parcours complet le premier jour. Il s’agit de prendre ces petites mesures concrètes pour l’amélioration continue. »
Selon Bédard, la clé pour les payeurs est de passer rapidement à la structuration des équipes et à la définition des indicateurs de rendement clés et du rendement du capital investi, en commençant à petite échelle et en évoluant.
« Les choses évoluent si rapidement dans le domaine de l’IA que, dans un secteur qui a toujours été lent à intégrer et à adopter de nouvelles technologies, les payeurs qui commencent maintenant créeront un grand avantage pour eux-mêmes – et ceux qui n’y arrivent pas auront de la difficulté à soutenir la concurrence. »
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