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Comment les pharmaciens peuvent-ils aider à maintenir nos cœurs en santé?

Rédigé par TELUS Santé | 1 février 2023

Le mois de février est le Mois du cœur. C’est donc le moment idéal pour mettre en lumière les efforts que nous pouvons tous et toutes déployer pour donner un peu d’amour à nos cœurs et la manière dont les pharmaciens peuvent nous aider à y arriver. 

Au Canada, les maladies du cœur sont la deuxième principale cause de décès, après le cancer1 . Toutes les heures, dans l’ensemble du pays, environ 14 personnes ayant reçu un diagnostic de maladie du cœur en meurent. Entretemps, environ 1 personne au Canada sur 12 (soit 2,6 millions de personnes), âgée de 20 ans ou plus, vit avec une maladie du cœur confirmée2. Chaque année, plus de 150 000 personnes au Canada découvrent qu’elles sont atteintes d’une cardiopathie ischémique, la maladie du cœur la plus courante, et plus de 63 000 d’entre elles subissent leur première crise cardiaque (infarctus aigu du myocarde) 3.

Les populations qui présentent le risque le plus élevé de maladies du cœur comprennent les hommes âgés de 45 ans ou plus et les femmes âgées de 55 ans ou plus. Les femmes qui prennent des pilules contraceptives (notamment celles qui fument, qui ont plus de 35 ans, qui ont de l’hypertension artérielle ou un problème de coagulation sanguine) et les femmes ménopausées sont, elles aussi, exposées à un risque élevé de maladies cardiaques. Au Canada, certains groupes ethniques présentent également un risque élevé de ces maladies, comme les personnes autochtones et les personnes ayant des origines chinoises, africaines, hispaniques ou sud-asiatiques. De plus, les revenus faibles sont associés aux maladies cardiaques, parce que les désavantages sociaux augmentent les facteurs de risque de ces maladies, comme le diabète, le tabagisme et l’hypertension artérielle4.

Selon le Système canadien de surveillance des maladies chroniques5, la cardiopathie ischémique est:

  • la première cause d’années de vie perdues, en raison des décès prématurés;
  • la deuxième cause principale d’années de vie corrigées de l’incapacité (nombre d’années perdues en raison du piètre état de santé, de l’incapacité, ou du décès prématuré).

Il est important de souligner que les maladies cardiaques ne se limitent pas à la cardiopathie ischémique. Parmi les autres affections qui diminuent la circulation sanguine alimentant le cœur figurent notamment l’angine, l’arythmie, la fibrillation auriculaire et l’insuffisance cardiaque. Cela dit, il existe de nombreuses façons de diminuer le risque de maladies cardiaques de manière générale ou de mieux les prendre en charge si elles se présentent. En outre, les pharmaciens peuvent jouer un rôle important dans la prévention et la prise en charge des maladies chroniques comme les maladies cardiaques. 

Les pharmaciens ont souvent des certifications spécialisées en stratégies de prévention des maladies

En plus d’être des spécialistes de la gestion des médicaments, les pharmaciens ont l’occasion de recevoir des certifications qui leur donnent des compétences leur permettant de soutenir la santé des patients de manière plus vaste, y compris en matière d’arrêt du tabac, de prise en charge des troubles liés à la consommation d’alcool et de sensibilisation au diabète. Toutes ces stratégies peuvent aider les gens dans la prévention des maladies cardiaques. En ce qui concerne la santé cardiaque plus particulièrement, les pharmaciens peuvent obtenir une certification spécialisée en accompagnement en matière de santé cardiovasculaire. Examinons de plus près chacune de ces compétences qui peuvent aider à promouvoir la santé cardiaque.

Arrêt du tabac

Selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis6, le tabagisme augmente le risque de maladies cardiovasculaires, notamment l’infarctus aigu du myocarde, l’athérosclérose, la résistance artérielle périphérique, l’anévrisme aortique abdominal et l’accident vasculaire cérébral (AVC). Les CDC soulignent que l’arrêt du tabac est l’une des mesures les plus importantes à prendre par les personnes qui fument, afin de réduire leur risque de maladies cardiovasculaires. 

Les résultats qu’on observe chez les personnes qui arrêtent de fumer comprennent l’atténuation des inflammations et de l’hypercoagulabilité, l’amélioration des taux de cholestérol à lipoprotéines de haute densité (C-HDL), la limitation de l’évolution et le ralentissement de la progression de l’athérosclérose subclinique et la réduction considérable du risque de décès causé par les maladies cardiaques. Même chez les personnes déjà atteintes d’une maladie cardiovasculaire, l’arrêt du tabac diminue le risque de décès toutes causes confondues, le risque de décès de causes cardiaques et le risque d’apparition d’autres manifestations cardiaques7. Les programmes d’arrêt du tabac offerts en pharmacie peuvent donc avoir des répercussions importantes sur la santé cardiaque.

Troubles liés à la consommation d’alcool

Le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances a récemment publié des directives de consommation d’alcool indiquant le risque associé à la consommation d’un seul verre standard d’alcool par jour sur neuf maladies. Curieusement, le risque de cardiopathie ischémique est réduit chez les personnes qui consomment jusqu’à quatre verres d’alcool par jour, alors que la consommation de cinq ou six verres d’alcool par jour n’a aucune incidence sur ce risque. Toutefois, ce risque augmente de 31 % chez les personnes qui consomment plus de six verres d’alcool par jour8. La consommation responsable de boissons alcoolisées est très importante pour l’état de santé général et la santé cardiaque. Les pharmaciens jouent également un rôle essentiel en accompagnant les gens pour réussir à consommer de cette manière.

Sensibilisation au diabète

Chez les personnes atteintes de diabète, l’hyperglycémie peut toucher les vaisseaux sanguins du cœur, entraînant une maladie cardiaque, et bloquer les vaisseaux sanguins menant au cerveau, causant un AVC. Selon les CDC, plus de deux personnes diabétiques sur trois souffrent d’hypertension, un facteur de risque des maladies cardiaques. De manière générale, le diabète double le risque de maladies cardiovasculaires ou d’AVC9. Toutefois, la collaboration avec un pharmacien ou une pharmacienne pour se renseigner sur le diabète et atteindre des cibles précises selon l’approche ABCDE des soins contre le diabète peut diminuer ces risques (veuillez noter que ces cibles peuvent varier d’une personne à une autre et doivent être discutées avec votre équipe soignante). Les lignes directrices générales sur l’approche ABCDE de Diabète Canada sont10:

  • Taux d’HbA1c – 7 % ou moins (les cibles sont différentes pour les femmes enceintes, les adultes plus âgés et les enfants de 12 ans ou moins)
  • Tension artérielle – moins de 130/80 mg Hg
  • Cholestérol – moins de 2,0 mmol/L pour le cholestérol-LDL (le « mauvais cholestérol ») 
  • Médicaments – envisager les médicaments visant à protéger le cœur
  • Exercice physique et alimentation – maintenir une activité physique régulière et une saine alimentation 
  • Dépistage de toute complication
  • Arrêt du tabac
  • Autogestion, stress et autres obstacles

Accompagnement en matière de santé cardiovasculaire

Axer les efforts sur la santé cardiaque et recevoir une formation sur l’accompagnement en matière de santé cardiovasculaire peut aider les pharmaciens à soutenir les personnes atteintes d’hypertension et de dyslipidémie, deux facteurs de risque considérables des maladies cardiaques. Souvent, la prise de médicaments et l’adoption d’un mode de vie plus sain peuvent prévenir ensemble l’évolution vers des maladies cardiovasculaires plus graves. Dans le cadre de leur formation, les pharmaciens peuvent apprendre à mettre en œuvre des stratégies d’entrevue motivationnelles, visant à faciliter les changements de comportements et à envisager les options de traitement pharmacologiques et non pharmacologiques. 

Les pharmaciens sont bien placés pour aider les personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire à prendre en charge leur état de santé

Les pharmaciens ont souvent de très bonnes relations au sein de la communauté de santé et peuvent orienter les gens vers des groupes de soins qui font appel à l’expertise de plusieurs professionnels, afin d’examiner tous les aspects d’une maladie. Les cliniques d’endocrinologie pour les personnes atteintes de diabète ou qui présentent des problèmes de thyroïde sont de bons exemples de ces groupes. Ils peuvent aussi recommander des ressources communautaires, comme des clubs de courses, des clubs du troisième âge ou des sources de renseignements fiables comme la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC du Canada et le Guide alimentaire canadien.

Les vérifications annuelles des traitements médicamenteux menés par des pharmaciens peuvent aider les patients qui prennent plusieurs médicaments d’ordonnance, ainsi que d’autres médicaments, vitamines ou suppléments en vente libre, à évaluer tout le contenu de leur armoire à pharmacie. Ces vérifications ont pour but de s’assurer que le patient a toujours besoin de ces médicaments et qu’il n’y a aucune interaction indésirable anticipée. Si le pharmacien a des questions, il peut communiquer avec le médecin du patient pour discuter de la situation et défendre les intérêts du patient, puis informer ce dernier de toute modification apportée aux traitements.

Sur le plan pratique, les pharmaciens peuvent aider à augmenter l’adhésion thérapeutique afin d’améliorer la santé du cœur. Selon le résumé d’une étude11, la majorité des personnes atteintes de maladies cardiovasculaires ne prennent pas leurs médicaments conformément aux ordonnances. Selon des renseignements fournis par les patients, l’adhésion thérapeutique à une association d’aspirine, de bêtabloquants et d’agents hypolipidémiants se limite à seulement 39 %. Même immédiatement après un congé de l’hôpital à la suite d’un infarctus aigu du myocarde, environ le quart des patients n’avaient pas entièrement fait exécuter leur ordonnance. Pourtant, les personnes ayant des taux d’adhérence élevés présentent un risque considérablement plus faible de manifestations cardiovasculaires, par rapport à celles ayant des taux d’adhérence faibles. 

L'une des façons dont les pharmaciens peuvent contribuer à l'observance thérapeutique est « l’emballage d'observance facilitant l’observance ». Il s’agit, par exemple, de plaquettes, de contenants en plastique préremplis ou d’emballages au mètre qui sont des rouleaux contenant des sachets individuels indiquant le médicament et l’heure de prise du médicament. Ce type d’emballage peut aider les gens de tous âges à se rappeler de prendre leurs médicaments au bon moment et d’éviter de prendre la même dose deux fois, en cas d’oubli. Ce type d’approche est particulièrement utile pour rappeler aux gens à continuer de prendre leurs médicaments pour des affections, telles que l’hypertension artérielle, qui sont asymptomatiques jusqu’à ce qu’il y ait une crise. 

De manière plus générale, qu’une personne soit atteinte d’une maladie cardiaque ou pas, les pharmaciens peuvent toujours lui recommander des modifications à son mode de vie, comme l’adoption d’une saine alimentation, un sommeil de bonne qualité, l’activité physique, la gestion du stress et la limitation de la consommation d’alcool – dont il est prouvé qu'ils réduisent le risque d’effets négatifs sur le cœur12.  

Les pharmaciens sont souvent les professionnels de la santé les plus accessibles

Les conversations avec les pharmaciens sur la santé cardiaque commencent souvent lorsqu’une personne reçoit sa première ordonnance d’un médicament pour un facteur de risque cardiaque. Les gens sont régulièrement surpris de devoir soudainement prendre un médicament et souhaitent savoir ce qu’ils peuvent faire pour être en meilleure santé et pour ne pas le prendre à vie. Le fait d’aller chercher son premier médicament d’ordonnance est une bonne occasion pour se renseigner sur les modifications au mode de vie qui pourraient inverser ces marqueurs défavorables, comme l’hypertension artérielle ou les taux élevés de C-LDL. 

Les conversations avec un pharmacien peuvent parfois être plus honnêtes et franches qu’avec un médecin. En effet, les relations que les gens ont avec leurs pharmaciens tendent à être moins officielles et les interactions sont souvent moins précipitées. De plus, les médecins n’ont pas l’expertise très pointue qu’ont les pharmaciens en matière de discussions sur la posologie, les effets indésirables et les interactions médicamenteuses. Savoir à quoi s’attendre en ce qui concerne les bienfaits et les effets indésirables d’un médicament sur la santé peut améliorer l’adhérence thérapeutique.

Comparativement aux discussions en personne, les discussions virtuelles peuvent être plus exhaustives et détaillées, simplement parce que les gens peuvent discuter en toute confidentialité avec le pharmacien, dans le confort de leur foyer, tout en ayant l’armoire à pharmacie à proximité, s’ils ont besoin de vérifier quoi que ce soit. Cela dit, les pharmacies communautaires ont habituellement des salles de consultation privées où les pharmaciens peuvent tenir des conversations calmes et sans distractions en tête-à-tête avec les patients.

De manière globale, les pharmaciens ont considérablement gagné la confiance de la population. Ils font régulièrement partie de la liste des cinq catégories de professionnels les plus fiables dans plusieurs pays. Au Canada, ils arrivent souvent en quatrième position13. Et, plusieurs tendances ne font qu’augmenter cette confiance dernièrement. Par exemple:

  • Au début de la pandémie, les pharmacies sont restées ouvertes à titre de service essentiel et les pharmaciens étaient souvent les seuls professionnels de la santé accessibles au public. 
  • Les pharmaciens ont démontré leur capacité à aider les Canadiens et les Canadiennes à gérer les problèmes d’approvisionnement qui limitaient l’accès à certains médicaments, soit en proposant de passer à d’autres médicaments lorsque les pénuries concernaient un ingrédient actif, soit en proposant des préparations à base de plusieurs médicaments, notamment pour contrer la pénurie de médicaments pour enfants contre la fièvre à la fin de 2022. 
  • Les groupes de médecine familiale commencent à intégrer des pharmaciens cliniciens à leur équipe et à leur déléguer le choix des médicaments et de la posologie.  
  • Les gouvernements provinciaux ont commencé à élargir le champ d’exercices des pharmaciens. Le gouvernement de l’Ontario a récemment permis aux pharmaciens de prescrire des médicaments pour 13 affections mineures.  

Lorsque les gens créent des liens avec une personne en qui ils ont confiance et avec qui ils peuvent discuter ouvertement de leur état de santé, sans crainte de jugement, ils ont de meilleures chances de réussir à modifier leur mode de vie et de suivre les consignes concernant la prise appropriée de médicaments, ce qui mène à des résultats favorables. Et, quand ce professionnel est également accessible, que ce soit en pharmacie sans rendez-vous, au téléphone ou en ligne, il devient alors la première personne vers laquelle le patient se tourne pour avoir un suivi ou modifier son plan de traitement lorsque quelque chose ne va pas.

Les pharmaciens peuvent être des membres précieux de toute équipe de soins de santé, grâce à leur expertise reconnue en matière de médicaments, ainsi qu'aux certifications liées à la promotion de la santé et aux liens communautaires qui complètent le service qu'ils peuvent offrir. À l'occasion du Mois du cœur, que vous ayez ou non reçu un diagnostic de maladie cardiaque, discutez avec votre pharmacien de toutes les façons dont il peut contribuer à votre santé cardiaque.
 

  1. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/nouvelles/2023/02/message-du-ministre-de-la-sante-mois-du-coeur-fevrier-2023.html 

  2. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/maladies-coeur-canada.html 

  3. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/maladies-coeur-canada-fiche-technique.html 

  4. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/sante-coeur/maladies-problemes-cardiaques/prevention-maladies-problemes-cardiaques.html 

  5. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/maladies-et-affections/maladies-coeur-canada-fiche-technique.html 

  6. https://www.cdc.gov/tobacco/patient-care/care-settings/cardiovascular/index.htm 

  7. https://www.cdc.gov/tobacco/patient-care/care-settings/cardiovascular/index.htm 

  8. https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2019-05/2012-Communicating-Alcohol-Related-Health-Risks-fr.pdf

  9. https://www.cdc.gov/chronicdisease/resources/publications/factsheets/heart-disease-stroke.htm 

  10. https://www.diabetes.ca/managing-my-diabetes/preventing-complications/heart-disease---stroke 

  11. https://www.ahajournals.org/doi/full/10.1161/circulationaha.109.904003 

  12. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/nouvelles/2023/02/message-du-ministre-de-la-sante-mois-du-coeur-fevrier-2023.html 

  13. https://www.fip.org/files/content/advocacy/WPD_2021_Trust_Factsheet.pdf