De plus en plus courantes, les cliniques gérées par du personnel infirmier praticien constituent une option plutôt nouvelle pour les Canadiens qui ont besoin de soins de première ligne. C’est une option attrayante, car elles ont démontré leur capacité à améliorer l’accès aux soins* et la satisfaction des patients tout en ayant des effets positifs sur la santé des gens.
Toutefois, ceux qui ne connaissent pas ce type de clinique peuvent se questionner : comment fonctionnent-elles exactement, et qu’est-ce qui les différencie des cliniques dirigées par des médecins?
Jennifer Wankiewicz de la River Stone Nurse Practitioner Clinic d’Edmonton (Alberta) peut répondre à ces questions. Elle explique ici comment et pourquoi les cliniques de personnel infirmier praticien prennent le relais pour aider les patients des quatre coins du pays, et ce que cela signifie pour l’avenir des soins de première ligne.
Une clinique de personnel infirmier praticien est un établissement de soins de santé où les infirmières praticiennes spécialisées et infirmiers praticiens spécialisés (IPS) hautement formés posent des diagnostics et traitent divers problèmes médicaux. Ces cliniques fonctionnent en grande partie comme les cliniques de soins primaires conventionnelles dirigées par des médecins, mais les soins primaires sont fournis par du personnel infirmier praticien.
Les infirmières praticiennes spécialisées et infirmiers praticiens spécialisés (IPS) ne possèdent pas de doctorat en médecine, mais ont fait des études supérieures et ont la capacité d’alléger une partie du fardeau des médecins de soins primaires.
Les IPS ont poussé leur scolarité jusqu’à la maîtrise ou au doctorat.* Cette formation leur permet donc d’assumer des responsabilités accrues en matière de prestation de soins de santé aux patients. Dans le milieu des soins primaires, le personnel infirmier praticien peut :
La pénurie de médecins au Canada favorise l’essor des cliniques de personnel infirmier praticien. Selon l’Angus Reid Institute et l’Association médicale canadienne, un Canadien sur cinq n’a pas de médecin de famille attitré,* et seulement 15 pour cent des Canadiens qui en ont un peuvent y accéder de manière urgente.
La formation avancée et l’expertise du personnel infirmier praticien peuvent combler des lacunes dans les systèmes de santé canadiens. Jennifer Wankiewicz explique : « Nous manquons de médecins. Nous manquons également de personnel infirmier. Au Canada, les IPS sont sous-utilisés. Pourtant, ils sont les seuls à vraiment pouvoir prendre la relève des médecins dans le secteur des soins primaires. »
Les cliniques de personnel infirmier praticien constituent pour les patients une nouvelle option en ce qui concerne l’accessibilité à des soins. Elles offrent également d’autres avantages.
Les IPS possèdent des compétences uniques qui peuvent améliorer la qualité des soins fournis.
« Les IPS ont de la facilité dans les rapports humains parce qu’ils proviennent du milieu des soins infirmiers », explique Jennifer Wankiewicz. Leur expérience dans les soins personnalisés aux patients les aide à adopter une approche de prestation des soins centrée sur la personne, ce qui est « de plus en plus important pour assurer la qualité des systèmes de santé »* dans le contexte des soins en collaboration, selon une étude publiée dans le Journal of Public Health.
L’expérience en soins infirmiers prépare aussi le personnel infirmier praticien à travailler avec les autres professionnels de la santé au sein d’une équipe de soins afin de fournir des soins en collaboration de grande qualité.* Cette approche collaborative peut améliorer la santé des patients.5
Les cliniques de personnel infirmier praticien pourraient jouer un rôle important pour l’avenir des soins primaires. Les IPS pourraient assumer la responsabilité d’un nombre croissant de soins primaires afin d’alléger la charge de travail excessive des médecins.
L’épuisement professionnel des médecins constitue un problème majeur au Canada. Le Sondage national sur la santé des médecins de 2021 réalisé par l’Association médicale canadienne a révélé que 62 pour cent des médecins de famille souffrent d’une détérioration de la santé mentale en raison d’une charge de travail excessive.* Le soutien des infirmières praticiennes et infirmiers praticiens pourrait donc les aider.
« Les médecins de soins primaires surchargés peuvent avoir de la difficulté à bien travailler », affirme Jennifer Wankiewicz. Les cliniques de personnel infirmier praticien devraient-elles prendre en charge certains cas simples? Ainsi, les médecins pourraient « consacrer leurs compétences et leur énergie à prendre soin d’autres patients — les cas plus complexes, par exemple — et obtenir un meilleur équilibre travail-vie personnelle ».
Avec leur capacité à fournir des soins complets centrés sur le patient, ce qui allège le fardeau des médecins, ces cliniques sont prêtes à jouer un rôle important dans le milieu des soins primaires.
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*En anglais uniquement